Pierre-Emmanuel CHATILIEZ - ART - Works - News ST0RYBOARD-ILLUSTRATION

6-16-1961

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« 06-16-1961 » est un travail qui se propose de réfléchir sur la fiabilité de l’information diffusée par les médias, ce moment où un évènement, en se racontant, devient une histoire,laquelle se trouve bientôt elle-même intégrée à l’Histoire.

Cette réflexion prend appui sur la défection d’union soviétique de Rudolf Noureev, qui se déroule à Paris, le 16 juin 1961, à l’aéroport du Bourget.

Un aspect caractéristique de cet événement est la multiplicité de ses versions, de ses narrations.

A la lecture de la presse de l’époque, de différents livres et témoignages…il est finalement impossible de savoir comment cela s’est réellement passé.

Pour certains il fit un saut majestueux, pour d’autre il tomba hystérique dans les bras des policiers Français, Noureev propose même dans une interview donnée dans les années 90, une version totalement différente de celle de la biographie qu’il sort en 1962.

Selon la version de 1990, après s’être caché derrière une des colonnes du hall de l’aéroport, il aurait patiemment attendu que les hommes du KGB chargés de le surveiller disparaissent comme par enchantement, puis se serait dirigé tranquillement en comptant un nombre précis de pas vers la police française pour demander l’asile.

Quoiqu’il en soi, pour intégrer l’Histoire, l’évènement a besoin d’être raconté. C’est cette narration qui en donnant une forme esthétique à un évènement particulier en fait une histoire, et permet de l’intégrer à l’Histoire.

Si l’événement ici, n’est pas un fait majeur de la guerre froide il a néanmoins toutes les caractéristiques et la saveur d’une scène d’un film de l’époque.

Le suspense est «Hitchcockien», les protagonistes aussi: le héros que tout accable et qui doit faire un choix décisif pour s’en sortir, la situation inextricable, la jeune femme qui va tout faire pour le sauver.

Le projet, qui utilise les codes du divertissement et l’information comme matière, se divise en deux parties :

  • Un film a l’animation basique, que l’on appelle «animatique» dans le milieu de la publicité ou du cinéma.
  • Un animatique met en mouvement des dessins qui représentent uniquement les moments clefs d’une action ou d’une séquence.

A la manière d’un story-board, Il sert à poser une histoire et ses problématiques afin de décider des plans de tournages.

Ce film court se présente comme l’avant projet d’une bande annonce, celle d’un film qui ne s’est jamais tourné, que donc personne n’a vu, mais dont cependant chaque spectateur pourra imaginer sa propre version.

Dans le cas présent c’est la légende du passage à l’ouest de Noureev que l’on essaiera de cerner avec un film qui se compose de trois écrans évoquant 3 versions différentes de l’événement.

La deuxième partie du projet se compose de trois série d’images qui reprennent les codes des Lobby cards, du cinéma d’Hollywood, en l’occurrence celle des films des années 60 d’Alfred Hitchcock.

Les Lobby cards sont les photos que l’on trouve dans l’entrée des cinémas. Elles constituent un des éléments du marketing. Elles sont là pour vendre le film.

Ici les génériques de films sont remplacés par les titres et des extraits des journaux de l’époque.

En définitive le projet se propose de relater un évènement non point sous forme d’information, mais en tant que récit, et par conséquent, en tant que divertissement.

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